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Parlons des groupes de paroles à Dialogue et Solidarité

Voici un petit extrait où j’interviens 30:15 à 34:20

Le deuil marginalise, la personne endeuillée a cette sensation que les autres vivent alors qu’elle se sent à l’arrêt. La douleur est intense et rend plus vulnérable, plus fragile. Tout paraît compliqué et injuste. Pendant la période de désorganisation les endeuillé.es ne se reconnaissent plus, car ils.elles ne retrouvent plus leurs ressources habituelles. Par exemple, une personne habituellement ordonnée ne va pas comprendre ni supporter de perdre des objets, des papiers importants. Une personne très organisée va être déstabilisée de voir qu’elle a oublié des rdvs. Là, vraiment je vois que les personnes se mettent à douter d’elles-mêmes, perdent confiance en elles. Clairement elles ont peur de sombrer.

Réunir des personnes qui connaissent cet état est tout à fait rassurant, c’est donc normal d’être dans cet état ? ah ça fait partie du processus de deuil ?

Ainsi, ce que cette personne cachait à ses proches par honte ou par peur de dérailler, elle va pouvoir en parler, dédramatiser et se sentir réconfortée par l’écoute empathique.

C’est très anglo-saxon les groupes de paroles, en France nous avons encore beaucoup d’appréhensions et de préjugés sur ces rassemblements, on n’a qu’à regarder les films qui montrent des groupes de paroles, on a systématiquement les caricatures du « bonjour je m’appelle Paul, et le groupe qui répond en cœur, bon….jour Paul »

Les personnes ont beaucoup d’appréhensions sur le partage de l’intime. Qu’est-ce que je veux bien raconter ? c’est très important pour moi que de respecter le niveau d’intimité de chaque personne.
Parmi les blocages il y a aussi la peur d’avoir affaire à une secte, les personnes se sentent tellement vulnérables qu’elles ont peur d’être abusées.

En tout cas lorsqu’elles décident de venir, elles rencontrent d’autres personnes qui vivent des situations de deuils. Ce ne sont pas les mêmes décès, certaines personnes ont été aidant.es pendant de nombreuses années pour une longue maladie, d’autres ont eu des accidents, ou encore des morts fulgurantes comme l’arrêt cardiaque, mais aussi des suicides ou des assassinats. C’est mon métier de faire en sorte que les personnes du groupe ne stigmatisent pas sur les circonstances du décès mais échangent sur ce que cela fait à chacun et chacune d’avoir perdu un proche.

Des personnes m’ont confié se sentir comme dans un brouillard, et venir au groupe les aide à voir plus clair, mieux se connaître mieux comprendre ce qui se passe en elles .

Le groupe de parole est un outil puissant qui permet à chacun et chacune de prendre la parole, redevenir sujet alors que tout semble contraignant.

Au travers de ce que les autres disent, les personnes réalisent qu’elles sont bien dans un processus de deuil.

  • C’est rassurant
  • Cela renforce l’estime de soi
  • Et redonne du courage

Parmi les exemples et ils sont nombreux, je pourrai vous parler de ce monsieur qui me disait qu’il avait un rôle de père face à ses filles inquiètes et que le groupe de parole était le seul lieu où il pouvait exprimer sa tristesse, mais aussi c’était un monsieur assez drôle il aimait nous faire rire avec des anecdotes qui lui arrivaient alors qu’il bataillait avec l’organisation d’une soirée pour ses enfants.

Mais aussi de cette dame qui se reconnaitra car je l’ai souvent citée. elles étaient deux à attendre l’ascenseur au rdc. Elles hésitaient à monter car elles appréhendaient la séance. En fin de séance elles nous ont confié qu’elles avaient bien fait d’appuyer sur l’ascenseur, car elles repartaient plus sereines, l’énergie du groupe leur avait redonné des forces.

Ne plus se débattre seul, partager, se renforcer c’est très important.

Pour conclure je voudrais dire que dans un groupe on ne se charge pas de la peine de l’autre. Dans un groupe on ne multiplie pas la peine, on la divise.

Autre chose vous intéresse ?

N’hésitez plus, “Osez la parole”, sans tabou dès maintenant.